A force de crier "au loup !"...

Un moment de silence, puis un rire étranglé.

- Te donner, hein ? *baiser dans le cou* ... On est bêtes. On ne devrait pas se laisser atteindre par tout ça. On n'a rien à prouver à personne. Sauf éventuellement, l'une à l'autre. Et encore, puisqu'on se demande rien. ... Tu préfères rentrer chez Guillaume, ou retourner à la fête ? Guillaumme aura remis les clepsydres à l'heure. Il va y avoir de l'alcool. Et les louveteaux vont s'endormir partout. Et de la musique. Si Sköll t'invite à danser, quelques soient tes dons pour l'esquive, refuse. ... Que préfères-tu ?

La jeune femme a un léger ronronnement au baiser dans le cou, et laisse sa compagne parler, sans répondre une seule fois. Elle laisse ensuite un petit moment de silence s'installer, manifestement pas vraiment désireuse de se détacher immédiatement de son amante. Elle embrasse encore quelque fois son oreille, avant de se redresser un petit peu, se détachant à peine de Siobhan.

- De la musique hein ?

Un sourire lent apparaît doucement sur ses lèvres, tandis qu'elle fait mine de se relever.

- Vraiment dommage que je n'ai pas de robe sous la main, ce serait du plus bel effet. Mais tu n'échapperas pas à une danse avec moi, et ce quel que soit le nombre de bière que tu comptais ingurgiter. On y va ?

Léger rire.

- Est ce que tu plaisantes ? J'étais justement en train de me motiver à te laisser danser avec d'autres malotrus... Alors, pour sûr, que je veux bien une danse ! ... Ou deux, même. ... Et je demande à te voir danser en robe avant que tu n'en fasses profiter les autres. Toute ta chair presque à portée de main... Je suis pas certaine que tout le monde s'en remette. *rire étouffé dans les cheveux* ... Allons-y avant qu'ils ne parient sur laquelle de nous deux reviendra avec les fesses en sang, tiens.

Elle se lève, tend la main à Perséphone.

- Le pire devrait être passé. Et de toutes façons, entre Guillaume qui a du calmer le jeu et Sköll qui a du menacer la moitié du village... On devrait être tranquilles.

***

Effectivement, les lycans qu'elles croisent en arrivant à la tente ont soit un sourire entendu, soit l'air étonné de les voir revenir. Et le silence se fait même un instant à leur arrivée, comme la première fois. Tout à fait détendue -ou presque- Siobhan se dirige vers la table de Guillaume et se rassied.

- Bon. Ces friandises, il en reste ou vous avez pas prévu assez de bouffe ?

Décidant d'adopter la même attitude que sa compagne, la jeune femme reste parfaitement stoïque en retournant dans la tente, malgré le silence total qui s'est installé à leur arrivée. Heureusement ce dernier cesse sitôt les deux femmes assises et les activités reprennent aussitôt. Retournées auprès de Guillaume, les deux jeunes femmes ne tardent pas à avoir un plateau de friandises sous le nez, friandises que Perséphone s'empresse d'accaparer pour éviter de s'en faire voler trop, trop vite. Elle est d'ailleurs en train de grignoter quand la musique commence à se faire plus forte et qu'une piste de danse s'improvise rapidement au centre de la tente. Cela ne l'empêche aucunement de se redresser subitement en saisissant le bras de Siobhan.

- Danse !

L'emmenant rapidement au centre de la piste, la jeune femme profite que les danseurs soient encore peu nombreux pour s'accaparer un espace important et se laisse progressivement emporter par le rythme de la musique. Manifestement, elle ne connaît pas du tout le genre et n'a jamais pratiquée la danse adéquat, ce qui ne semble absolument pas la déranger. Elle s'agite d'abord lentement, puis de plus en plus vigoureusement, mais toujours toute en ondulation et mouvement extrêmement fluide, qui ne laisse que ses cheveux de libre. Le résultat final laisse imperceptiblement penser à l'Orient, et il est pourtant parfaitement adapté au rythme de la musique. Et ce, sans lâcher un instant la main de son amante.

Entrainée totalement malgré elle sur la piste, Siobhan ne peut que suivre le rythme imposé par son amante. Et, bien que largement en dessous des prouesses de la romaine, la rapidité et l'agilité de la lycane lui permettent de ne pas paraitre TROP empruntée. Par contre, au fur et à mesure, ses yeux se mettent à luire dès que quelqu'un s'approche de Perséphone, tant et si bien qu'à la fin, elle saisit la taille mince et serre la jeune femme contre elle.

- La danse des sept voiles, juste pour moi, ma toute belle. Sinon, il va y avoir un massacre.

Baiser juste sous l'oreille, grondement sourd à l'adresse probable d'un importun.

Légèrement surprise par la soudaine prise en main de sa compagne, la jeune femme se laisse faire, l'écoutant en haussant un sourcil. Elle finit par avoir un léger rire, et enroule doucement ses bras autour du cou de Siobhan, se rapprochant encore un peu d'elle.

- Comme tu voudras, mon loup.

Elle frémit doucement au baiser, tendant à peine le cou tandis qu'un ronronnement lui échappe distinctement.

- Un peu jalouse ou ce n'est qu'une mesure de prudence ? demande-t-elle, amusée.

Indignée.

- Je ne suis pas jalouse !!! .... *moment de réflexion* Ou juste un peu. ... Non, en fait, ce n'est pas de la jalousie, puisque tu n'as regardé personne d'autre que moi, juste... juste que je prends conscience qu'être l'amante d'une femme aussi belle que toi n'a pas que des avantages. ... *soupir désabusé* Et tous n'ont pas compris à quel point tu es douée, même si tu as mis une raclée à Sharon. Demain, on se fait un petit entrainement en vue de tous, qu'en penses-tu ?

Murmure à l'oreille :

- De plus... Je vais devoir te rendre très loquace dès cette nuit, histoire que plus aucun n'ait de doute sur le fait que nous sommes bien ensemble. Désolée, hein. Je sais que tu dois avoir le postérieur meurtri par la chevauchée, mais je me sentirai plus à l'aise ensuite.

Le mâchouillage d'oreille qui suit n'a pas DU TOUT l'air désolé.

Long soupir, lasse.

- Eh oui, c'est très difficile de sortir avec une aussi belle créature que moi. Mais que veux-tu, tu aurais dû y réfléchir avant de me faire prisonnière, en contradiction totale avec ma volonté propre. … Va pour un entraînement à la vue de tous alors.

Le ton se fait ensuite clairement indigné.

- Parce que tu ne comptais pas le faire avant ?! *relève le nez en une attitude très clairement boudeuse* Tu as intérêt à te montrer très douée cette nuit, parce que je ne compte pas me mettre à parler sans bonne raison.

Les deux ou trois lycans s'étranglant simultanément à divers endroits de la tente laissent supposer que leur conversation n'était pas DU TOUT passée inaperçue, malgré le bruit ambiant et l'utilisation des chuchotements. Siobhan ricane dans le cou de Perséphone.

- Ça faisait longtemps que je ne m'amusais plus autant, tu sais ? ... Hey, d'accord je t'ai attrapée, mais qui est la dévergondée qui m'a proposé son corps en échange de pouvoir partir, hm ? *les mains de Siobhan descendent le long du dos de la jeune romaine pour venir s'accrocher à ses... bas de reins* Moi, pas folle : j'ai pris le corps ET gardé l'effrontée. N'importe qui aurait fait pareil.

Le corps de la jeune romaine se tend doucement sous les caresses de la lycane, se collant un peu plus contre celui de Siobhan avec un soupir plus que ravi.

- La différence, c'est que je n'aurais pas laissé n'importe qui faire pareil.

Elle vient mordiller l'oreille de la jeune femme.

- Et ne me fais pas croire que tu n'avais rien à l'esprit en me poursuivant et en m'amenant à ta grotte, tout cela n'était qu'un vaste coup monté, je le sais … Vilaine.

Siobhan mime la stupéfaction devant tant de mensonges éhontés.

- Je t'ai poursuivie parce que tu avais pénétré mon territoire et, plutôt que de te laisser te noyer dans une tourbière, je t'ai cachée dans un endroit où tu étais en sécurité ! C'est toi qui a ensuite tenté de me vamper, alors même que je ne te proposais que de partager une couverture, en toute innocence ! ... Romaine avide de luxure, va.

Les derniers mots sont murmurés dans le cou de Perséphone. Puis s'éloignant un peu, la lycane demande à la cantonade :

- Qu'en pensez-vous ? Laquelle de nous deux est la plus crédible ?

Si Siobhan joue très bien l'indignation, il est étonnant de voir à quel point la romaine sait bien simuler l'innocence. La façon dont elle porte la main à son cœur et dont ses yeux feintent la plus parfaite pureté feraient presque oublier qu'il s'agit-là d'une tueuse. Même le ton légèrement surjoué pourrait faire penser à une jeune vierge à qui l'on vient d'évoquer le loup. Elle reculerait presque sous le choc de cette accusation totalement hors de la réalité.

- Moi ? Mais je ne voulais qu'un peu de chaleur, et voilà que le vilain loup se met en tête de me fouiller, moi qui suis si innocente, comme si j'avais quelque chose à cacher. Mais j'ai bien vite compris ce que voulait réellement ce vilain animal.

A la question de Siobhan, elle adresse un regard aux grands yeux perdus à l'assemblée qui a tournée son regard vers elles. Les lycans les plus prudents désignent tout de même Siobhan, qui est après tout la plus dangereuses des deux. Certains désignent la romaine, Sköll le premier, avec un large sourire. Guillaume reste prudemment silencieux.

Doigt d'honneur à Sköll, mordillage d'oreille.

- Rappelle-moi combien d'armes diverses tu avais sur toi ce soir là, ma toute innocente ? Et combien tu aurais pu en avoir de plus, hmmm ?

Le ton est à présent sucre et miel, à deux doigts de l'éclat de rire.

- Je n'en avais que cinq ! Et je n'en avais aucune autre. J'étais blessée, amoindrie et apeurée, tu as honteusement profité de ma faiblesse … et de mon corps.

Elle relève la tête, dignement … Si ce n'est le large sourire en coin.

Voix de bateleur de foire :

- Cinq, mesdames et messieurs ! Cinq lames fines et aiguisées toutes dirigées vers ma jugulaire ! N'était il pas logique que je tente d'affecter les sens de cet individu dangereux afin de réduire les dommages qu'ils pouvait me causer ?

Tout doux, dans l'oreille de Pers' :

- Je n'avais pas réalisé que tu étais dangereuse même sans armes...

A voir la mine boudeuse de la jeune femme, il est clair et évident qu'elle n'a rien de plus à répondre à cela, ce qui ne l'empêche absolument pas de répondre tout de même. Elle resserre encore peu ses bras autour du cou de la lycane, enfouissant son nez dans ses cheveux.

- Tu es vilaine, c'est tout.

Le ton est entre le buté et l'amusé.

- C'est toi qui m'as couru après de toute façon, j't'ai jamais menacé d'aucune arme.

Léger rire de gorge.

- Ça aurait été dommage, parce qu'on n'en serait pas là ce soir. ... *à nouveau, ton de la démonstration* Et en plus, elle a un sens aigu du danger ! N'est elle point formidable, mesdames et messieurs ?

Les appréciations amusées se font plus franches, et des toasts fantaisistes sont lancés, d'abord sur le couple, puis sur un peu tout et n'importe quoi.
Siobhan regarde autour d'elle, le nez enfoui dans le cou de Perséphone et pousse un soupir de pur contentement.

Pendant un moment décontenancée par tous les toasts et l'attention portée sur elle, la jeune femme n'ose pas répondre. Heureusement cela se calme très vite et les lycans recommencent à parler de tout, alors que Perséphone serre un peu plus son amante contre elle, soufflant contre son oreille.

- On a bien fait de revenir, tu vois ?

Câlin plus appuyé pour toute réponse, puis Siobhan semble dresser l'oreille. Elle se relève rapidement, prend la main de Perséphone, et lui murmure :

- Viens.

***


- ... Voilà. Et tous les matin c'est comme ça. ... Il y a pire, non ?

Elle serre doucement la jeune romaine contre elle.

Un peu surprise, la jeune femme se contente pourtant de suivre le mouvement sans résistance, lançant un très large sourire à ceux qui les suivent du regard.

****

Perséphone a un ronronnement en se lovant un peu plus contre la lycane, les yeux gris tournés vers le paysage avec un très large sourire. Elle murmure en réponse.

- En effet, c'est très joli. Y a très probablement pire ...

- Tu regrettes pas trop, du coup ? Demain... enfin, tout à l'heure, on ira se promener, visiter le village des enfants-de-Fianna, et puis... On fera un peu partie du village, et quand tu en as marre, on rentre. ... Et, on pourra sans doute bientôt emménager dans ma cahute, je pense. ... A moins que tu ne veuilles définitivement vivre dans la caverne ? Cet hiver on va un peu se geler les miches, mais c'est un choix. Enfin. Si tu restes jusqu'à l'hiver.

Siobhan jette un regard à la dérobée à Perséphone.

- ... Pourquoi tu as réagi comme ça, avec Finn, au fait ? Tu sais, quand tu es arrivée et qu'il me tenait le bras ?

- Je ne regrette pas un seul instant.

La jeune femme se permet même un petit sourire, tournant la tête pour déposer un baiser sur la joue de son amante.

- Et le programme me semble parfait … Je préfère squatter ton plumard, votre pays est déjà assez froid pour moi.

La question suivante fait perdre un peu le sourire de la romaine, qui se met manifestement à réagir intensément. Elle-même ne sait pas trop pourquoi elle a réagit comme ça, mais sur le coup, cela semblait la seule chose intelligente à faire. Finalement, elle souffle du bout des lèvres.

- Je sais pas trop … j'avais l'impression qu'il … te voulait, pour lui. Alors que … je suis à toi et … tu es à moi, hein ?

Grand sourire.

- Ouais. Ma paillasse est bien rembourrée et largement plus agréable que le sol. En plus, j'y mets des herbes qui éloignent les puces, donc... *pour elle même* Et puis, qui dit lit, dit montants de lits, mouimouimouiiii...

Léger rire, interrompu par le sérieux avec lequel Perséphone répond à sa question. Un sourire attendri vient flotter sur ses lèvres.

- Pas de doute, tu es à moi, pour le temps qu'il te plaira de l'être... Et je suis à toi... pour le temps qu'il te plaira aussi. ... Et je pense que Finn ne posera plus de problèmes : il a du se prendre un de ces savons...

Elle ricane, puis reprend sur un ton plus bas :

- Ma toute belle, il faut quand même que je te dise un truc, t'enfuis pas de suite, mais...

Craquement.

Interpellée par le ton plus bas de son amante, la jeune femme se penche doucement vers elle, l'écoutant avec attention. A la mention de sa potentielle fuite, elle se tend un peu, sans trop savoir ce qui l'attend. Le craquement interrompt Siobhan. Et la lycane peut suivre sur le visage de la romaine les différents stades de la colère. Ses yeux s'étrécissant visiblement alors qu'une expression plus que contrariée apparaît doucement sur ses lèvres. Elle se tend brutalement et s'extirpe des bras de son amante pour bondir debout. Directement tournée vers l'endroit d'où provient le craquement, elle hurle sans même apercevoir l'intrus.

- Je sais pas qui c'est ! Mais Lycan ou non, qu'il approche encore d'un pas et je lui couperais les parties génitales avant de l'égorger, et je ferais ça aussi longtemps que ce sera nécessaire pour que le sang ne coule plus !

Les muscles tendus, elle semble fouiller sa robe à la recherche d'une arme quelconque, puis finit par baisser les yeux à la recherche d'un caillou pointu. Quelque chose, n'importe quoi.

- Il va regretter d'être venu ! Parce qu'il partira pas avoir la bonne queue entre les jambes ! S'IL REPART !!

A quelques mètres apparaît l'immense montagne de muscle qu'est Sköll, les yeux écarquillés en fixant la jeune femme. Il se tourne un instant vers Siobhan … puis recule lentement en restant face à Perséphone, semblant la surveiller. Il disparaît progressivement, dans un étrange silence. Puis on entend quelques murmures et ce sont plusieurs craquements qui s'éloignent du couple.

Alors que la fumée pourrait encore sortir des oreilles de l'ex-tueuse, elle se rassit près de son amante et passe d'autorité un bras de Siobhan autour d'elle, avant de se blottir contre la jeune femme. Elle attends quelques minutes.

- Tu voulais m'dire quoi ?

Siobhan s'est bien gardée de bouger lors de la démonstration de force de Perséphone.
D'abord, l'appuyer lui ferait perdre le crédit qu'elle vient de gagner de façon éclatante... Et ensuite... ben elle fait un petit peu peur, là, non ?

Du coup, la lycane attend que son amante ait fini sa diatribe et soit venue se lover dans ses bras sans prononcer un mot, partagée qu'elle est entre éclater de rire au souvenir du regard affolé de Sköll et le léger stress à l'idée de ce qu'elle s'apprête à faire.

- Tu voulais m'dire quoi ?

Siobhan prend une grande inspiration. Les lycans sont courageux. Téméraires, même, des fois. Ils ont peur de rien.

- Tu sais quand... Je t'ai amenée à la grotte,... je ne pensais pas... Enfin... Déjà je ne pensais pas qu'on coucherait ensemble. Même si ce n'est pas interdit, ce n'est pas non plus dans les moeurs des miens, hein. Ensuite, je n’aurais pas passé que tu resterais et que, enfin... Tu vois... Qu'on s'entendrait bien. Les meilleurs coups sont pas nécessairement les gens avec lesquels on a le plus d'affinités. ...

Elle baisse la tête vers Perséphone, la fixe un instant dans les yeux et lui embrasse le nez.

- Avec toi, le courant passe bien. Au pieu et ailleurs. Tu me manques quand tu n'es pas là. ... Je crois que je suis amoureuse de toi, Perséphone.

La dernière phrase est murmurée, et Siobhan rentre les épaules comme si' elle s'attendait vaguement à une baffe.