Au-delà du mur d'Hadrien, dans les landes de Caithness, dévastées par les Huns, des bannières bleues et émeraudes ornées d'un arbre blanc flottent. De la fumée s’élève d'un camp de fortune accueillant un millier d'hommes. Des émissaires vont et viennent de maisons en maisons, de villages en villages, bannière au poing, louant la valeur de leur nouvelle reine.
La rumeur se propageait. Venue des îles du Nord, une jeune fille réunissait une armé pour reprendre ses terres et chasser les barbares maculés de bleu. Au large des côtes calédoniennes alors que les Huns faisaient rage, une flotte venue d'Éire avait accosté, déversant une armée menée par une flamme du nord.
Erynn. Erynn la belle, aux cheveux de flammes rouges et au yeux de glace. Fille bâtarde de Calogrenant et d'une guerrière irlandaise de la tribu des Céadcens, implantée en Caithness. Unique héritière de la couronne calédonienne.
Âgée d'une dix-huitaine d'années, la jeune reine est fière, impétueuse et meneuse d'hommes exceptionnelle malgré son jeune âge. Elle impressionne par sa détermination et a gagné le respect de ses vassaux en partageant leurs peines et leur quotidien. Scrupuleuse et faisant preuve d'un courage hors norme, elle entraîne son armée d'une main de fer. Marquée par la mort de son père et son exil forcé, elle est animée par la soif de vengeance et la reconquête de l'honneur de son peuple. Elle trône sur ses sujets en impératrice, droite, hautaine, consciencieuse, fine tacticienne, à l'écoute des conseils de ses plus fidèles alliés. Chacun voit en elle un espoir de reconquête des terres pillées et souillées par les Pictes. Ses hommes l'admirent et la respectent pour son autorité naturelle et sa prestance. Des plus fourbes murmurent que les plus viles la servent pour honorer sa beauté et sa chair.
Belle et jeune fille, son corps est taillé comme une guerrière : fine lame et habile archère, initiée par son père dès son plus jeune âge à l'art de la guerre. Ses traits sont fins et délicats, tranchant avec l'aspect guerrier de sa condition. Son port est altier, ses yeux sont d'un bleu opale, d'un froid mordant. Une cascade de feu orne son dos : ses cheveux roux sauvage représentent l'ardeur de cette jeune combattante. Une flamme insatiable, insaisissable. Si ardente et si glaciale...
A l'heure où ces lignes sont écrites, la jeune femme parcourt la Calédonie, chevauchant un impérieux destrier d'un noir funeste d'un blanc immaculé. Accompagnée de ses plus fidèles bannerets elle se présente au peuple. Maudissant les Pictes, crachant sur leur cité nouvelle, Breggon. Elle sème le doute sur la sérénité confiante instaurée par le seigneur des sept royaumes pictes. Sa voix réveille les doutes. Elle rappelle l'honneur bafoué, la soumission, la mort et la destruction, la sauvagerie de ce peuple barbare. Petit à petit, ceux qui se taisaient jusqu'à présent la rejoignent... Une colère sournoise s'empare d'une partie du peuple du nord.
Nul Picte ne régnera sur la Calédonie tant que la Reine du Nord vivra.